La croissance inclusive, qui vise à assurer une prospérité économique partagée par l’ensemble de la population, est devenue un enjeu central pour l’économie québécoise contemporaine. Dans un contexte marqué par des défis démographiques, des transformations technologiques et des inégalités persistantes, il est impératif de replacer l’humain au centre du développement économique et de repenser nos modèles en tenant compte des signaux faibles qui façonnent l’avenir.
L’économie québécoise évolue dans un monde où la complexité et l’incertitude sont croissantes. Les changements climatiques, la raréfaction des ressources naturelles et l’accélération des innovations technologiques redéfinissent les règles du jeu, sans oublier l’effritement récent des relations économiques et politiques avec les États-Unis. Selon Statistique Québec, entre 1998 et 2023, le PIB réel par habitant a progressé de 36,7 %, une avancée notable, mais qui masque d’importantes disparités régionales et sociales. La croissance économique ne peut plus être évaluée uniquement sur la base des indicateurs traditionnels; elle doit également tenir compte des impacts sociaux et environnementaux.
Bien qu’on puisse observer un ralentissement de l’intérêt pour les facteurs ESG, notamment en raison de leur récupération idéologique et de la polarisation du débat public, les enjeux sous-jacents, eux, demeurent bien réels. La planète continuera de se réchauffer, et les écarts de richesse continueront de se creuser, exigeant des réponses concrètes de la part des entreprises et des acteurs économiques. L’essence même de la croissance inclusive repose sur la capacité à répondre à ces défis, indépendamment des terminologies utilisées pour les désigner.
Renforcer la croissance inclusive au Québec grâce à l’action territoriale
Dans ce contexte, les agents de développement économique régional ont un rôle clé à jouer pour rendre la croissance plus inclusive. Pour cela, plusieurs éléments doivent être pris en compte. Tout d’abord, l’importance de l’authenticité et du soutien de ses pairs dans le monde du travail et de l’entrepreneuriat. La mutualisation des ressources et des compétences devient un levier essentiel pour renforcer la résilience des entreprises et des collectivités. Des initiatives comme les coopératives, les réseaux d’affaires solidaires et les partenariats intersectoriels permettent d’accroître l’impact des actions économiques tout en favorisant une répartition plus équitable des richesses.
L’optimisation et l’innovation sont également au cœur des nouvelles stratégies de développement économique. L’intelligence artificielle (IA), par exemple, offre des perspectives inédites pour améliorer la productivité et soutenir la transition écologique. Toutefois, pour éviter les effets pervers liés à l’automatisation, il est essentiel d’accompagner ces transformations par des politiques favorisant la formation continue et l’adaptation des compétences. Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie travaillent déjà sur ces enjeux en soutenant des projets intégrant ces avancées technologiques tout en veillant à leur impact sur les travailleurs.
L’intelligence artificielle, en automatisant plusieurs tâches répétitives et en optimisant certains processus décisionnels, libère du temps et des ressources. Plutôt que de craindre son avènement, il est impératif de se concentrer sur ce qui demeure fondamentalement humain : la créativité, l’intuition, l’intelligence émotionnelle, la prise de décision éthique et la capacité à construire des relations de confiance. Contrairement aux machines, l’être humain est capable d’interpréter les nuances d’une situation, de faire preuve d’empathie et de mobiliser des réseaux complexes d’acteurs pour co-créer des solutions adaptées aux réalités locales. Miser sur ces caractéristiques humaines devient un impératif stratégique pour assurer une croissance inclusive et durable.
L’état de la planète impose également une réflexion sur les nouveaux modèles économiques à privilégier. Le Québec ne peut plus se permettre une croissance fondée sur l’épuisement des ressources naturelles. L’économie circulaire, qui mise sur la réduction du gaspillage et la valorisation des matériaux usagés, constitue une réponse pertinente aux défis environnementaux. En favorisant ce type d’initiatives, les régions québécoises peuvent non seulement réduire leur empreinte écologique, mais aussi créer de nouvelles opportunités d’emplois et d’innovation.
La mise en place d’une gouvernance efficace au sein des organisations représente enfin un levier incontournable pour assurer une cohérence entre les valeurs affichées et les pratiques réelles des entreprises. Un conseil d’administration bien structuré, avec des mécanismes de reddition de comptes et des espaces de dialogue stratégiques, permet de créer des lieux de discussion où les enjeux de croissance inclusive peuvent être débattus de manière rigoureuse. C’est également une façon d’assurer le respect des lois et réglementations, garantissant ainsi des environnements de travail sécuritaires, équitables et propices à l’innovation durable.
Ainsi, les valeurs de solidarité, d’inclusion et de respect de l’environnement doivent guider les décisions des acteurs du développement économique. C’est en mettant l’humain au centre, en misant sur l’authenticité des relations professionnelles et en repensant nos modèles d’affaires selon une logique de mutualisation et d’innovation responsable que nous pourrons bâtir un Québec plus équitable et résilient.
🔎 Cet article fait suite aux échanges tenus lors du Forum printanier 2025 de l’APDEQ, où la croissance inclusive a été au cœur des réflexions.
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