La régionalisation de l’immigration, une contribution notable au développement économique régional

Delfino Campanile Emplois en région
par Delfino Campanile
Directeur général, PROMIS
Emplois en région

L’on pense souvent à l’immigration dans une optique économique pour sa réponse aux défis de pénuries de main-d’œuvre, cependant cette réalité occulte un autre aspect important. En effet, de nombreuses personnes immigrantes choisissent de se lancer en affaires ou de reprendre une entreprise québécoise. Ce nouveau bassin d’entrepreneurs et de repreneurs arrive avec des enjeux différents des natifs, mais aussi avec de nouvelles possibilités pour le développement d’un territoire. Réputées pour leur résilience et leur capacité d’innovation, les personnes immigrantes contribuent concrètement à la création de richesse. Ce changement de paradigme n’est pas toujours facile à anticiper. Heureusement, il existe sur le terrain un écosystème d’organismes ayant développé leur expertise d’accompagnement des nouveaux arrivants dans leur processus d’intégration.

L’intérêt du gouvernement du Québec pour la régionalisation de l’immigration n’est pas récent. C’est depuis 1992 qu’une politique a été développée en ce sens afin d’équilibrer volontairement la répartition des nouveaux arrivants sur le territoire de la province tout en respectant leurs besoins et leurs intérêts. Ces actions sont menées principalement par des organismes communautaires spécialisés dans l’intégration en emploi des personnes immigrantes à partir de Montréal. Par exemple, en 1998, PROMIS démarre son projet pilote. Par la suite, dans les années 2000, c’est au tour du Collectif des femmes immigrantes du Québec (CFIQ) et d’Accueil liaison pour arrivants (ALPA) (maintenant INICI) d’ajouter ce service. Ce modèle d’intervention nécessite le développement de partenariats avec des organismes situés dans les différentes régions du Québec. C’est ainsi que des liens fonctionnels permettent aux personnes immigrantes intéressées à déménager à l’extérieur de la région métropolitaine de Montréal de préparer leur projet, de trouver un emploi dans leur future communauté et de faire le saut en région.

L’harmonisation des pratiques

Constatant l’intérêt et le besoin grandissant des employeurs envers la population immigrante comme nouveau bassin de main-d’œuvre potentiel, les trois organismes montréalais PROMIS, CFIQ et INICI se rassemblent en 2018 dans un projet intégré financé par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration afin d’harmoniser leurs pratiques. À ce moment, un site web commun (www.emploisenregions.ca) est mis en ligne permettant ainsi la centralisation de l’information relative à la régionalisation de l’immigration. Ainsi, les personnes immigrantes souhaitant s’établir en région ont accès à une porte d’entrée unique pour obtenir un accompagnement personnalisé. Cette concertation de leurs ressources augmente de façon significative leurs moyens financiers, humains et matériels ainsi que leur cible en passant d’un objectif de 260 ménages à régionaliser annuellement à 1 160.

Un continuum de services au bénéfice des personnes immigrantes

L’équipe dédiée d’Emplois en régions agit concrètement à différents niveaux du processus d’intégration d’une personne immigrante. Tout d’abord, une grande partie des efforts de promotion sont orientés à sensibiliser les individus situés à Montréal aux opportunités que l’on retrouve en région. Bien que l’emploi soit le vecteur principal d’attraction, l’entrepreneuriat (à partir de 2020), les études et le cadre de vie sont aussi mis de l’avant. Ainsi, chaque semaine, des partenaires régionaux sont invités à présenter en visioconférence leur communauté et leurs employeurs à des candidats immigrants intéressés à se régionaliser via les sessions d’information Info-Emploi.

Ensuite, les conseillers en régionalisation offrent un accompagnement personnalisé visant à développer un plan d’action spécifique pour l’individu. L’objectif est de préparer le projet de régionalisation puisqu’il s’agit en quelque sorte d’un deuxième processus de migration. Outre l’identification des caractéristiques de la communauté recherchée, les participants sont outillés dans leur processus de recherche d’emploi. Ce travail est fait en concertation avec les partenaires régionaux prenant le relais de l’intervention une fois le déménagement effectué. Ainsi, les individus ont toujours un référent vers qui se retourner durant leurs démarches. Des séjours exploratoires d’une journée à cinq jours sont aussi organisés en partenariat avec les acteurs locaux afin de permettre aux individus d’expérimenter sur le terrain la réalité du milieu de vie et de créer des liens avec les ressources sur place. Par ailleurs, un soutien financier au déménagement et pour d’autres déplacements peut être disponible selon certaines modalités.

Tout récemment, Emplois en régions a ajouté un volet important à son service d’accompagnement, soit le volet pré-départ pour les personnes ayant reçu leur Certificat de sélection du Québec (CSQ) et souhaitant explorer les possibilités à l’extérieur des zones métropolitaines.

Des partenariats tangibles

Comme vous pouvez le constater, la régionalisation de l’immigration nécessite une coordination et une concertation d’un nombre important d’organisations provenant de secteurs variés. C’est pourquoi Emplois en régions a conclu des partenariats avec des organisations panquébécoises telles que Place aux jeunes en région, la Fédération des chambres de commerce du Québec et Éducation internationale, la Fédération québécoise des municipalités et l’Union des municipalités du Québec.  De plus, chaque deux ans, un forum visant à rassembler les intervenants provenant des secteurs institutionnel, communautaire, municipal et privé est organisé. Il s’agit d’une occasion de faire le point sur le travail accompli tout en permettant d’échanger quant aux solutions à mettre en place dans l’avenir. En 2022, le deuxième forum a rassemblé un peu plus de 300 participants provenant des quatre coins du Québec. Un rapport contenant des pistes de réflexion provenant des participants est disponible en ligne. Un bulletin de liaison (www.setablirenregion.com) portant sur diverses thématiques reliées à l’immigration et au développement économique régional est aussi publié à chaque deux mois depuis 2022 auprès de 400 professionnels intéressés par le sujet.

En conclusion, la régionalisation de l’immigration est un processus relativement nouveau dans le paysage québécois. Elle mobilise un ensemble de forces sociales n’étant pas habituées à collaborer et répond à la fois à des besoins criants pour des collectivités, mais aussi à des aspirations chez des êtres humains ayant immigré dans la province. Il est donc essentiel de poursuivre les réflexions afin d’harmoniser les pratiques dans une optique de responsabilité partagée. Emplois en régions invite par la présente les professionnels en développement économique à se positionner comme des forces locales d’intégration en offrant à ces entrepreneurs et repreneurs provenant de l’étranger les conditions propices afin qu’ils puissent saisir l’occasion de contribuer à leur nouveau pays d’adoption.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Contacter Anaïs

Calendrier des activités
[eo_fullcalendar headerLeft='prev,next today' headerCenter='title' headerRight='month,agendaWeek']

Politique en regard de la présence aux activités de formation

  • Attendu que l’APDEQ remet une attestation de participation au terme de chacun des cours qu’elle diffuse;
  • Attendu que cette attestation confirme la participation à un nombre d’heures de formation spécifique;
  • Attendu que la présence du participant est attendue et obligatoire pour toute la durée de la formation (activité synchrone);
  • Attendu qu’aucun visionnement de l’activité en différé ne sera autorisé;
  • Attendu que chaque formation procure un nombre de points en vue de l’obtention de la certification au titre de Développeur Économique;

Une attestation de participation sera décernée au participant, dans la mesure où le taux d’absentéisme n’excède pas 20 % des heures prévues à la formation.