Les voix du développement économique avec Candide Paquin

par APDEQ
Association des professionnels en développement économique du Québec

Quand les les certifié·e·s D.Éc. racontent le développement économique sur le terrain

Le développement économique prend des formes multiples selon les territoires, les organisations et les personnes qui l’incarnent au quotidien. Derrière chaque acteur du milieu, il y a des parcours professionnels singuliers.

À travers cette série d’articles, l’APDEQ met en lumière des professionnel⸱le⸱s certifiés en développement économique (D. Éc.), en s’intéressant avant tout à leur histoire, à leur cheminement et à la réalité de leur pratique. Chaque portrait propose un regard ancré dans le terrain : les contextes régionaux, les projets porteurs, les réussites marquantes et le rôle joué par leur organisation dans le développement de leur région.

La certification canadienne de Développeur Économique (D.Éc.) s’inscrit dans ces parcours comme un repère commun, mais ces entrevues visent à illustrer la diversité du métier, à valoriser l’expertise développée sur le terrain et à mieux faire comprendre les réalités actuelles du développement économique au Québec.

 

John Perrott
Candide Paquin
Conseillère au développement industriel, MRC Nicolet-Yamaska

 

Bonjour Candide, et merci de te prêter au jeu ! Quel est ton rôle et ton titre au sein de la MRC de Nicolet-Yamaska ?

(Candide P.) : Je suis conseillère en développement économique avec un rôle qui couvre principalement le secteur manufacturier, la transformation agroalimentaire ainsi que le volet d’accompagnement en innovation. Concrètement, j’accompagne les entreprises de la région dans leurs projets de croissance et de recherche de financement, en les orientant vers les bonnes ressources de l’écosystème. Mon objectif est de leur offrir des solutions personnalisées, adaptées à leurs besoins. Je travaille à créer des ponts entre les entrepreneurs et les partenaires stratégiques, afin que nos entreprises locales puissent non seulement prospérer, mais aussi innover et se démarquer dans un marché en constante évolution.

Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel et de tes études ?

(Candide P.) : Je suis agronome de formation et membre de l’Ordre des agronomes du Québec (OAQ) depuis 2005. J’ai commencé dans le secteur agricole et agroalimentaire, avant de passer au milieu bancaire, où j’ai accompagné des entreprises de différents secteurs. Par la suite, j’ai intégré le développement économique au sein d’une SADC, en coordonnant brièvement des programmes de mentorat et des formations en comptabilité pour entrepreneurs.

Durant deux ans et demi, j’ai également occupé un rôle en développement des affaires et de gestion d’une équipe dans une entreprise privée, afin de mieux comprendre la réalité quotidienne des entrepreneurs. Cette expérience m’a apporté une crédibilité accrue et une valeur ajoutée à mon parcours, me permettant aujourd’hui d’accompagner les entreprises avec une vision globale, alliant expertise technique, compréhension financière et sens stratégique.

Quelles sont les particularités de votre territoire, la MRC de Nicolet-Yamaska, qui influencent le développement économique, et quels sont les défis ou opportunités?

(Candide P.) : Située au Centre-du-Québec, la MRC de Nicolet-Yamaska se démarque par son fort ancrage agricole et son engagement envers le développement durable, qui influence nos décisions économiques. Nous allons même intégrer une grille de développement durable dans nos prêts pour encourager les bonnes pratiques.

Nous souhaitons miser sur les synergies entre les entreprises, notamment dans nos parcs industriels, afin de stimuler la collaboration et l’innovation. À l’externe, notre MRC est perçue comme étant avant-gardiste et elle est notamment citée à ce sujet, entre autres pour l’instauration de son plan de transition écologique. Ce qui nous distingue, c’est notre approche humaine et toujours en cohérence avec notre mission, notre vison et nos valeurs.

La collaboration avec l’écosystème semble très importante chez vous ?

(Candide P.) : Absolument ! Je considère que la force du réseau est un atout majeur pour accélérer la réussite des projets. Je structure les rencontres afin que le bon partenaire soit présent au bon moment. Par exemple, lorsqu’un entrepreneur souhaite diversifier ses marchés, nous faisons appel à des acteurs comme l’orpex de notre région, Carrefour Québec International (CQI). Pour le financement, nous préparons l’entrepreneur à présenter son projet de manière structurée lors de rencontres Réseau Express avec plusieurs partenaires financiers tels que son institution financière, SADC, Investissement Québec, BDC, Développement économique Canada, etc.

Nous sollicitons également d’autres experts pour les besoins en innovation et en recherche et développement (R&D) . Je peux vous citer en exemple des partenaires tel que le Centre national intégré du manufacturier intelligent CNIMI, Investissement Québec Innovation ou l’un des 59 centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT), afin de gagner du temps et maximiser l’efficacité. Ceci s’effectue toujours en accord avec le client afin de le sensibiliser dans l’ensemble de la démarche et des implications que cela requiert. Régulièrement, je fais appel aux services d’un représentant fédéral de l’Opic, pour faire réfléchir aux différentes options et stratégies afin de conserver les propriétés intellectuelles à nos entreprises d’ici. Cette approche collaborative permet donc de créer des solutions sur mesure et de transformer les défis en opportunités.

Niveau territorial – Conformité / Traditionnel
Quel est l’aspect le plus gratifiant de ton travail ?

(Candide P.) : C’est lorsque l’accompagnement d’un projet, qu’il soit en démarrage ou mature, crée de la valeur et que l’entrepreneur en perçoit la plus-value. C’est gratifiant d’avoir cette relation humaine avec la clientèle, de voir des cheminements professionnels et personnels, et des résultats économiques concrets, comme des familles qui s’établissent dans la région grâce aux emplois créés. Je suis particulièrement fière d’un mandat très complexe avec un entrepreneur, qui a duré plusieurs années. Quand le résultat attendu a été atteint, son premier appel a été pour me dire : « On a réussi ». C’était comme si nous avions réussi ensemble, même si c’était son projet. Savoir que mon accompagnement a contribué à ce succès et qu’il a voulu me le partager est une belle marque de reconnaissance.

De grands projets de développement économique en cours dans Nicolet-Yamaska?

(Candide P.) : Notre plus important projet, prévu pour le printemps 2026, vise à apporter des solutions concrètes aux entrepreneurs confrontés à des situations complexes au sein de leur quotidien d’entrepreneur. Il met l’humain en premier, conformément aux valeurs de la MRC. Il s’adresse autant aux entrepreneurs seuls qu’à ceux à la tête de grandes équipes, en proposant des outils pratiques et des boîtes à outils personnalisées qui resteront à l’entreprise pour soutenir leur développement à long terme. Ce projet est réalisé avec des partenaires externes stratégiques qui apporteront une expertise concrète.

Quelle est la différence entre le monde bancaire et le développement économique (MRC, CLD) ?

(Candide P.) : Pour moi, le développement économique me parle davantage, car je me retrouve plus naturellement dans l’accompagnement. Bien que j’aime l’analyse financière et la gestion des risques qui s’y rattachent, je considère que le développement économique offre un meilleur équilibre entre le quantitatif et le qualificatif du projet. De plus, le développement économique va bien au-delà du financement : il inclut l’attractivité du territoire, l’aménagement et la synergie entre acteurs pour faire croître un milieu. C’est une vision globale et collaborative.

Y a-t-il des formations ou événements qui ont été un coup de cœur pour toi et qui t’ont aidée à affirmer ta posture de développeur économique ?

(Candide P.) : Oui, certaines formations ont été déterminantes pour affirmer ma posture de développeur économique. La formation de conseillère en innovation par le CIQ a été un véritable déclencheur : elle m’a ouvert les yeux sur des aspects que j’avais oubliés ou que je ne maîtrisais pas en profondeur à mon retour dans le développement économique.

J’apprécie également les formations des Fonds locaux de solidarité FTQ notamment celles en analyse financière, qui permettent de poser les bonnes questions aux clients et d’améliorer la qualité de l’accompagnement. Enfin, le cheminement vers ma certification a été une étape importante, consolidant mes compétences et ma crédibilité dans ce rôle.

En ce qui attrait à la deuxième partie de la question, les évènements coup de cœur dans mon parcours sont souvent en lien avec le réseautage dans le milieu. Je pense que de s’entourer des entrepreneurs et des partenaires qui expriment et échangent sur leur réalité, cela permet de mieux comprendre notre pertinence dans notre rôle. Je vais citer ici en exemple mes implications bénévoles aux différents évènements du regroupement Manufacturiers Mauricie Centre du Québec qui me tiennent particulièrement à cœur.

Peux-tu me parler de ton cheminement vers la certification de développeur économique?

(Candide P.) : J’ai lu le cahier de formation et me suis posé des questions sur mon rôle, sur la posture professionnelle et sur ce qui me différencie des autres acteurs dans l’écosystème. Ce fut un cheminement professionnel et personnel. Cela m’a permis de me reconnecter avec la raison pour laquelle je faisais les choses. Le processus des études, les entrevues et les examens m’ont aidé à prendre le recul nécessaire et à consolider ma démarche.

Comment ton organisation t’a-t-elle aidée dans la démarche de certification ?

(Candide P.) : Au sein de mon équipe à la MRC, la direction générale et la direction du développement économique m’ont offert un soutien remarquable et une grande ouverture tout au long du processus. Ce fut un véritable vote de confiance en ma candidature, notamment avec la lettre de recommandation. Ils ont également pris le temps de prévoir des plages horaires pour ma préparation et pour la réalisation des examens, ce qui a facilité mon cheminement et démontré l’importance qu’ils accordent au développement professionnel.

Qu’est-ce qui vous a poussée à passer la certification ?

(Candide P.) : Je me suis souvent posé la question : « Pourquoi pas ? ». Après avoir vu des publications de l’APDEQ et découvert des personnes inspirantes qui détenaient cette certification, je me suis dit : « Pourquoi pas moi ? ». Je n’avais pas peur de l’échec, car pour moi, le processus lui-même est un apprentissage. Et à l’aboutissement de ce parcours, la fierté d’avoir relevé le défi était bien présente.

Comment votre approche auprès des clients a-t-elle changé après la certification?

(Candide P.) : Je pense que je l’ai fait davantage le processus pour moi-même que pour la clientèle. Le parcours m’a fait cheminer et m’a amenée à me poser les bonnes questions. Mon approche auprès des clients est restée similaire, car je crois que la plupart des conseillers en développement économique ont déjà de très bonnes postures professionnelles. La certification apporte une crédibilité, mais l’essentiel demeure l’approche humaine et les bons réflexes que nous cultivons au quotidien. D’ailleurs, Je côtoie régulièrement des collègues en développement économique qui possèdent toutes les compétences nécessaires pour réussir cette certification.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune professionnel qui débute en développement économique?

(Candide P.) : Continuez la formation continue, il y en a d’excellentes. Si possible, trouvez un mentor et travaillez sur des dossiers à plusieurs, promouvoir le co-développement au sein de vos équipes. Les formations doivent être suivies avec une réelle ouverture pour en tirer quelque chose et l’appliquer par la suite. Il faut pratiquer, accepter de faire des erreurs et ainsi apprendre. N’hésitez pas à échanger avec d’autres conseillers et à découvrir et apprivoiser les outils à votre disposition, car notre posture est exigeante et il ne faut pas rester seul avec les difficultés. Enfin, si la certification de développeur économique vous intéresse, parlez-en à des certifiés D Éc. : ce sont les meilleures personnes pour démystifier le processus.

On voit que tu es une passionnée ! En dehors de ton travail, quelles sont tes autres passions ?

(Candide P.) Je veille à maintenir un équilibre entre la famille et le travail, et à bien décrocher. Je suis maman de deux adolescents très sportifs, ce qui m’amène à passer beaucoup de temps dans les gymnases et les arénas.

Je m’implique aussi bénévolement dans ma communauté, souvent dans le domaine du loisir et du sport, pour redonner au suivant. Ces activités me permettent de me ressourcer, ce que je considère essentiel. Nous sommes des gens de cœur qui donnent beaucoup aux entrepreneurs, mais il est essentiel de ne pas s’oublier et de garder en tête d’y trouver du plaisir.

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